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Interview publiée le 26 février 2024 dans la Lettre d’Information de l’École Polytechnique.

Diplômé de la promotion 1989, Daniel Rigny dirige TwentyTwo Real Estate, un groupe indépendant dédié à l’investissement immobilier en Europe, qu’il a fondé en 2012. Grand donateur dans le cadre de la deuxième campagne de levée de fonds (2016-2021), il a choisi de renouveler son engagement pour l’École polytechnique et de soutenir spécifiquement ses actions en faveur de la diversité et de l’égalité des chances. Par ce nouveau don, il rejoint le Club Monge Diamant et fait ainsi partie des 20 principaux Grands donateurs de l’X.

Pourriez-vous revenir sur les grandes étapes qui ont jalonné votre parcours ?

J’ai grandi dans un petit village de 500 habitants en Bourgogne à une époque où l’accès à l’information, notamment concernant les études supérieures, était très limité. Parce que j’excellais dans les matières scientifiques, je me suis orienté vers une classe préparatoire. À l’époque, je ne connaissais pas l’X et l’intégrer a été une belle opportunité que m’a offert le système éducatif français. Durant mes études, au-delà de l’aspect académique, je me suis investi dans de nombreux projets extrascolaires en reprenant la direction du magazine X-Passion qui venait juste d’être créé ou encore au sein de la Junior Entreprise. Mener tous ces projets a éveillé en moi l’envie et l’impatience d’entrer dans le monde du travail, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas fait d’école d’application. En 1993, j’ai débuté ma carrière chez Bankers Trust, une banque d’affaires américaine, d’abord à Paris puis à Londres. J’ai pu évoluer dans différents secteurs : le conseil en M&A, les marchés de capitaux ou encore les financements structurés. En 1997, j’ai choisi de me spécialiser dans l’investissement dans des actifs réels, en particulier l’immobilier, en rejoignant la Deutsche Bank. En 2007, je suis devenu Associé chez Perella Weinberg Partners, toujours dans le domaine de l’immobilier avant de fonder ma propre entreprise, TwentyTwo Real Estate en 2012.

TwentyTwo Real Estate propose à ses clients institutionnels et privés des solutions d’investissement et des services de gestion. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce groupe, sa genèse et ses activités ?

L’ampleur du secteur immobilier, bien qu’il nous concerne tous, que l’on soit locataire ou propriétaire, n’est pas forcément bien appréhendée. Il représente pourtant la plus grande classe d’actifs au monde d’une valeur estimée à 300 trilliards de dollars, soit environ trois fois plus que le marché des actions. C’est un secteur passionnant, complexe et multi-dimensionnel qui englobe de nombreuses sous-classes d’actifs (les logements locatifs, les bureaux, les entrepôts, le commerce, l’hôtellerie, l’immobilier de santé, les data centers…). L’immobilier est en quelque sorte le reflet de l’économie humaine, de la manière dont nous vivons, travaillons, consommons… Pour bien investir, il est nécessaire de comprendre comment l’immobilier est créé, utilisé, détenu et financé, et de prendre en compte l’ensemble de ces facteurs avec une stratégie à long terme. Lorsque j’ai fondé TwentyTwo Real Estate, j’avais le désir d’être indépendant et de mettre en œuvre ma vision de l’investissement en créant une entreprise que nous définissons comme un « investisseur-opérateur » intégré pour maîtriser toute la chaîne de création de valeur. Dix ans plus tard, c’est cela qui nous distingue de nos concurrents et qui nous permet de proposer à nos clients des solutions d’investissement mais aussi des services de gestion immobilière. Nous investissons dans toutes les classes d’actifs, tertiaire et résidentiel, et avons aujourd’hui dans notre pôle investissement près de 5 milliards d’euros d’actifs sous gestion. En sus, nous assurons la gestion immobilière de nombreux autres immeubles pour des clients tiers. Nous employons 240 collaborateurs répartis dans nos 17 bureaux en France et nos 2 bureaux à Londres et à Luxembourg.

Comment voyez-vous évoluer le secteur de l’immobilier dans les années à venir ?

Nous rentrons dans un nouveau cycle d’investissement particulièrement intéressant et favorable. L’inflation et la remontée des taux d’intérêt ont impacté à la baisse les valeurs immobilières. Cela représente une opportunité d’investissement et donc d’accélération pour notre activité. Le secteur doit également faire face à de nouveaux défis. Le premier est lié à l’évolution des usages immobiliers qui sont corrélés au développement de la technologie, je pense par exemple au télétravail qui a fortement augmenté après la crise sanitaire. Le second est celui de la transition énergétique puisque l’immobilier a une très forte empreinte carbone qui doit être réduite. Chez TwentyTwo Real Estate, nous avons pleinement intégré ces deux enjeux majeurs dans notre processus d’investissement.

Que vous a apporté l’X et en quoi la culture « Polytechnique » a-t-elle influé sur votre parcours ? Avez-vous gardé un souvenir particulier de vos années d’études ?

Même si je ne me suis pas dirigé vers l’ingénierie ou la recherche après mes études, l’École polytechnique et plus particulièrement l’enseignement scientifique que j’y ai reçu, m’ont apporté une culture, des valeurs et une manière de raisonner très précieuses. J’en ai gardé un esprit curieux, inquisiteur et perspicace, et une capacité à résoudre des problèmes qui sont nécessaires pour devenir un bon investisseur. L’X, ce sont aussi des rencontres qui changent une vie. Je me souviens d’un cours, plutôt inhabituel à l’époque, donné par Patrice Allain-Dupré sur l’intelligence économique. Ce cours, et les discussions que j’ai eues avec ce professeur, ont éveillé ma passion pour l’entrepreneuriat et m’ont permis de comprendre qu’il faut savoir prendre des risques et créer soi-même des conditions favorables à la réussite de ses projets.

L’X célèbre cette année ses 230 ans. Dans un monde en pleine mutation, quel rôle doit-elle selon vous jouer ?

L’École polytechnique doit avant tout rester fidèle à ses valeurs fondatrices et investir dans ses fondamentaux. Les grands défis des décennies à venir, comme la transition énergétique ou l’intelligence artificielle, sont éminemment scientifiques. Aussi l’enseignement scientifique de haut niveau, qui est la raison d’être de l’École, est un atout essentiel pour jouer un rôle majeur dans ces mutations. L’X peut également s’appuyer sur ses valeurs d’exigence, d’excellence et de rigueur qui sont fondatrices de l’ambition dont nous avons besoin pour relever ces défis.

Vous faites partie des Grands donateurs de la Fondation de l’École polytechnique. Quel est le moteur de votre engagement en faveur de votre Alma Mater ?

À travers mes dons à la Fondation, je souhaite soutenir l’X qui m’a apporté de nombreuses opportunités et à laquelle je reste profondément attaché. Compte tenu de mes origines, cette École a constitué un passage transformateur dans ma vie et je la perçois encore aujourd’hui comme une famille avec des valeurs qui me sont chères et que j’espère contribuer à perpétuer et à transmettre aux générations futures. Donner à la Fondation, c’est un acte de transmission à la nouvelle génération.

Vous avez choisi de flécher vos dons vers l’observatoire atmosphérique SIRTA dans le cadre de notre deuxième campagne, et désormais vers les actions menées par l’École polytechnique en faveur de la diversité et de l’égalité des chances. Quelles sont les raisons qui ont motivé ces choix ?

La question de la transition énergétique me mobilise au quotidien dans mon secteur d’activité et il m’a semblé naturel et pertinent de flécher mes dons vers le SIRTA, un outil de pointe qui contribue à faire avancer la recherche en la matière. Mon nouvel engagement en faveur de la diversité et de l’égalité des chances est quant à lui motivé par mes convictions profondes et par mon parcours personnel qui n’aurait pas été celui qu’il a été sans l’X. Alors que j’ai aujourd’hui envie de transmettre, j’ai à cœur de soutenir des jeunes qui ont besoin d’être informés et accompagnés vers les filières d’excellence afin qu’ils bénéficient à leur tour de la chance qui m’a été donnée. Je suis convaincu que nous bénéficions tous de davantage de diversité, qu’elle soit de genre, de culture ou d’origine. Au sein de notre groupe, nous sommes très engagés sur cette question. Nous recrutons des collaborateurs aux profils et origines très variés avec notamment une représentation des femmes proche de 50 % parmi nos cadres. Notre engagement vers la diversité c’est aussi notre soutien à l’emploi local en France en travaillant avec près de 1 000 artisans et PME-PMI sur tout le territoire.

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